Les nouvelles fiches de poste ou comment rendre l'Agglo attirante...


La Direction des Relations Humaines s’est lancée cette année dans un vaste chantier : la refonte des fiches de poste !

Objectifs annoncés : harmonisation des fiches provenant des collectivités antérieures et création des fiches de poste pour les agents qui n’en avaient pas auparavant.

A première vue, les fiches ont d’abord subi un sévère relookage.  Fini les vilains cadres à angle droit, grâce aux nouvelles fiches de poste, les angles sont galbés, les couleurs de l’agglo les rendent beaucoup plus sympas, et il est même prévu de faire signer les fiches par les agents et leur « évaluateur ».

 

Tout cela semblait annoncer une nouvelle approche, plus souple, avec une concertation préalable. Il n’en est rien !

 

Entrons dans le contenu. De nouvelles rubriques ont fait leur apparition. La plus spectaculaire s’intitule « Risques professionnels ».  Agents sensibles, passez votre chemin, si vous l’ignoriez jusque-là, vous allez apprendre que vous êtes exposés à des dangers tels que :

-      L’épuisement professionnel (sic)

-      Les agressions

-    Les violences (il est précisé externes, pas question donc de harcèlement ou autres pressions morales !)

-      Les températures chaudes ou froides, les variations de températures, l’humidité

-     Le trébuchement, heurt ou autre perturbation du mouvement (oui, oui, vous avez bien lu)

-      La manipulation d’outils dangereux ou tranchants (et non pas pour la cuisine mais pour la reliure ! vous avez dit bizarre ?)

-      Les chutes de hauteur ou de plain-pied

-      Les effondrements et chutes d’objets

-     Les risques routiers (il n’est pas précisé « d’écrasement » mais c’est sûrement l’objet du risque « risques liés au travail à proximité des voies de circulation »).

Les risques liés au travail sur écran, au bruit, aux vibrations ou les risques liés au port de charges (même lourdes) semblent bien insignifiants à côté des précédents. L’avantage principal de lister ces risques dans les fiches de poste est bien de justifier le stress qui est le risque professionnel le plus présent dans les fiches de postes étudiées (plus de 80) juste derrière les risques liés aux déplacements !

 

Nous souhaitons d’ailleurs suggérer à la DRH de généraliser le risque « stress » à l’ensemble des agents, à l’exception peut-être des adjoints. En effet, qu’il s’agisse d’adjoint aux DGA, aux directeurs, aux chefs de service, d’unité ou d’équipement, la rubrique « risques professionnels » reste désespérément vide. Et pour cause : l’ensemble des rubriques de ces fiches de poste est vide ! Exception faite de vagues missions dans les attendus particuliers du poste, notamment en l’absence du N+1. Faîtes passer le mot : ces postes semblent bien les plus "cools" de l’agglo…

 

La dernière rubrique concernant les « savoirs-être » est, elle aussi, riche d’enseignements et mérite qu’on s’y attarde.

Les savoirs-être les plus couramment demandés parmi les fiches de poste à Valence Romans Sud Rhône-Alpes sont le sens de l’organisation suivi de près par le sens de l’écoute, la rigueur et l’aisance relationnelle (qui peut aller de la simple « aisance orale » à la mystérieuse « aisance avérée pour les relations », en passant par la « diplomatie » ou les « qualités relationnelles », le « goût pour les relations humaines », le « sens du relationnel » et même la « sociabilité ». Vous le constaterez, la collectivité travaille tout en nuances…

Les qualités les plus rares (une, deux fiches de poste tout au plus), sont :

-    la « motivation », ça tombe bien, nous avons l’impression que nos collègues commencent à en manquer

-         l’ « implication », même remarque

-         le « sens de la logique »

-         le « sens du service public » (et oui, tout se perd)

-         la « probité »

-         la « conscience professionnelle »

-         le « respect de la hiérarchie ».

Hélas ces belles qualités sonnent en creux pour toutes les fiches où elles ne figurent pas. Qu’est-ce à dire ? Tous les postes au sein de notre collectivité ne requièrent-ils pas ces qualités qui tombent sous le sens pour tout agent de la fonction publique ?

 

Quant à la « faculté à porter une attention au travail en cours », à l’ « amabilité », l’« assiduité », la « ponctualité » aussi appelée l’ « exactitude », nous serions curieux de savoir pourquoi elles sont si peu partagées au sein de notre organisation. Mais la « curiosité » n’est pas non plus à l’honneur avec 4 fiches de poste à son palmarès.


Heureusement, chers collègues, nous avons de quoi vous rassurer ! Sachez que doivent compter parmi les dons naturels du profil de poste de notre Directeur Général des Services : la « force de conviction », une « bonne maîtrise de soi »,  la « gestion des conflits », le « sens du dialogue », un « esprit de synthèse » mais aussi « d’analyse » et « de décision » (liste non exhaustive, pour la liste complète, se référer à la fiche de poste). C’est sans doute tout cela réuni sur une seule personne (même mutualisée) qui lui vaut le remarquable épithète de « visionnaire ».

Et ce n’est pas fini : à ces excellentes prédispositions s’ajoutent des aptitudes plus communément répandues telles que le « charisme », le « leadership », le « dynamisme » ou encore les « capacités d’adaptation », le « sens des responsabilités ». Contrairement aux autres DGA, directeurs et autres responsables en tout genre, pas d’ « estime de soi » ni de « capacité à faire confiance » pour le DGS qui se démarque donc incontestablement au sommet.

 

Autre révolution : les directeurs et chefs de service vont enfin se concentrer sur le management et abandonner toute activité technique. Ceux-ci deviendront absolument interchangeables pour le plus grand bien de notre organisation digne d’une entreprise du CAC 40 ! Nous espérons que la collectivité ira jusqu’au bout de la démarche lors des recrutements en exigeant non plus des spécialistes mais des managers purs.

 

Bref, en nous penchant, un peu sérieusement sur deux rubriques, les incohérences sont déjà légion et nous font demander :

-     Quel sens de la logique ?

-   Où est l’esprit d’analyse et de synthèse (qui ne vont pas toujours de pair, ce qui explique beaucoup de choses) ?

-      Quelle pédagogie ?

-      Quel sens de la négociation ?

Si bien qu’on espère, une fois encore que la précipitation laissera place à la discussion.

 

Tout cela aurait pu être simplement drôle si la notice jointe aux fiches de poste ne précisait pas que « les parties grisées » auxquelles appartiennent les rubriques ci-dessus évoquées, « sont communes à un même métier, elles ne doivent pas être modifiées ».

 

Et l’on regrette alors que le « sens de l’humour » ne soit pas plus partagé.

 


                                                                            L'équipe SAFPT